Rendre la ville accessible

Faciliter l’accès de la ville et des lieux publics à toutes et tous et plus particulièrement aux personnes à mobilité réduite fait l’objet d’un programme mis en œuvre par la mairie depuis plusieurs années. Avec des résultats.

accessibilité et handicaps

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Décembre 2018, fin de la dernière tranche des travaux de l’aménagement Cœur de Ville–Loire (ACVL) : les Blésoises et les Blésois retrouvent un quartier réaménagé, accessible à toutes et tous — personnes à mobilité réduite, parents avec poussette, etc.

Les cheminements sont accessibles depuis la rue Porte-côté jusqu’au parc des Expositions, se satisfait Sylvie Bordier, conseillère déléguée à l’accessibilité. Nous avons notamment essayé d’ajuster les niveaux des trottoirs pour faciliter l’entrée dans les commerces. Cela facilite le quotidien de la clientèle, des commerces et cela libère les trottoirs des rampes.

Trottoirs, traversées de chaussées, largeur des cheminements, accès aux commerces, etc. Le résultat est une belle illustration de la collaboration entre la municipalité et les associations de personnes en situation de handicap. Elles sont des expertes d’usage et nous sommes à leur écoute pour adapter autant que possible nos projets en tenant compte de leurs suggestions. Car ce sont les personnes concernées qui peuvent le mieux exprimer leurs difficultés et leurs besoins. Pour le projet ACVL par exemple, une réunion de chantier a été organisée à la fin de la première tranche. Nous y avons abordé la question de l’accessibilité dans les commerces et cela a permis de coller aux besoins du terrain.

Dans un autre registre, lors des travaux de réfection du gymnase Saint-Georges, nous avons travaillé sur deux vestiaires accessibles afin de pouvoir accueillir des équipes de handisport, alors que la réglementation ne prévoit que deux douches accessibles, ce qui ne suffit pas pour des rencontres de sport collectif, explique Sylvie Bordier. Un ascenseur a également été installé dans la Maison des associations Dorgelès.

Au-delà de la réglementation

Ce travail d’équipe entre la municipalité et les associations va plus loin que la réglementation. Celle-ci prévoit en effet la constitution d’une commission communale pour l’accessibilité, composée de l’élu·e en charge de l’accessibilité, des associations locales de personnes handicapées et des équipes techniques de la ville.

Cette commission existe à Blois depuis 2011. Elle est devenue intercommunale depuis peu. Elle se réunit pour faire le point des travaux faits dans l’année et programmer ceux à venir. Nous essayons d’associer les associations à tous nos projets, que ce soit dans le cadre de l’agenda d’accessibilité programmée (Adap) ou des projets d’aménagement urbain ou de réfection des bâtiments publics. Par exemple, ce sont les associations qui nous ont exprimé leur souhait de travailler en priorité à l’accessibilité des crèches et des écoles. Une demande bouclée en juin pour les crèches avec la fin des travaux à la crèche Marie-Curie.

Nous avançons progressivement, avec la démarche de travailler sur un bâtiment dans sa globalité plutôt que faire du saupoudrage, explique Cécile Duflo-Sousset, responsable du service Santé, Sécurité et Accessibilité de la Ville. Nous avançons progressivement, en tenant compte des obstacles techniques liés au patrimoine géographique et architectural blésois. Pour les bâtiments anciens, classés, nous travaillons avec l’architecte des bâtiments de France pour trouver les meilleures solutions.

Chaque année, une enveloppe de 100 000 € est dédiée à l’accessibilité dans le cadre de l’Adap avec un programme élaboré avec les associations. En parallèle, tous les projets de rénovation ou d’aménagement urbains englobent la mise en conformité des bâtiments et espaces publics aux règles d’accessibilité. Par exemple, la passerelle gare a permis de franchir les voies ferrées mais a également rendu les quais accessibles aux personnes à mobilité réduite, grâce à l’installation d’ascenseurs.

L’accessibilité au Château

Depuis 2014, un groupe de travail a été créé pour améliorer l’offre touristique au public souffrant d’un handicap autour de deux axes : l’accès aux salles du Château et l’accès à la culture.

En matière de médiation et d’accès à la culture plusieurs actions ont abouti : mise à disposition de boucles magnétique pour cibler le son, visites guidées adaptées et plaquette « Facile à lire et à comprendre », loupes éclairantes, sièges pliants, maquette tactile, audiodescription du son et lumières… elles ont permis au Château d’obtenir en 2015 le label « Tourisme et handicap» pour les handicaps auditif et mental.

En termes d’aménagement, les travaux ont notamment permis d’améliorer la signalétique extérieure, l’installation d’une sonnette pour entrer et sortir du Château,et la réfection des rampes intérieures existantes ou encore l’aménagement d’un parcours en visite libre au rez-de-chaussée.

L’Hôtel de Ville

Autre bâtiment d’importance, l’Hôtel de Ville a fait l’objet de travaux pour améliorer son accessibilité. Par exemple, le ponçage des pavés le long de la cathédrale et dans la cour, ainsi que l’installation d’une rampe d’accès, ou encore, pour les personnes malentendantes, la mise en conformité des sanitaires avec l’installation d’alarmes flash et les boucles d’induction magnétique dans la salle du conseil et au service Vie civile. La dernière tranche des travaux s’est terminée en 2018 avec l’installation d’un plan tactile multisensoriel, la reprise de la signalétique verticale, la sonnette d’appel en haut de la rampe d’accès pour les personnes en difficulté.

L’accessibilité des bâtiments publics à Blois

  • 58 bâtiments ont fait l’objet de travaux d’amélioration pour l’accès aux personnes à mobilité réduite depuis 2009 (dont 25 bâtiments entre 2014 et 2018).
  • Toutes les crèches sont accessibles.
  • En 2019, environ 45 % des bâtiments publics sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
  • Blois s’est engagée à rendre ses bâtiments accessibles d’ici fin 2024, via son agenda d’accessibilité programmée.

Parole à…

Nous essayons de faire comprendre la problématique de nos handicaps par des mises en situations, par exemple avec des cannes et un bandeau. C’est souvent très efficace. Notre collaboration avec l’équipe municipale est très constructive et nous voyons des améliorations, par exemple au château, ou encore le cheminement le long de la cathédrale jusqu’à l’Hôtel de Ville. Nous sommes conscients que les questions budgétaires sont un frein à la mise en accessibilité. Mais ce qui est important c’est d’anticiper les aménagements dès qu’il y a des travaux ou des constructions. Et c’est une dimension qui est prise en compte à Blois.

— Claudine Rivaux,
association Voir ensemble

La surdité est un handicap invisible et méconnu. Aussi, la problématique n’est pas la même. Nous nous attachons à faire comprendre que derrière le handicap, il y a une personne qu’il faut prendre en considération. Il est important de changer son regard sur les personnes handicapées. Les sensibilisations et mises en situation sont essentielles pour faire ressentir, comprendre le quotidien des personnes sourdes et malentendantes.

— Karine Lefebvre, médiatrice sociale,
centre d’action et d’information sur la surdité

La question de l’accessibilité de l’espace public concerne bien plus de monde que les personnes à mobilité réduite. Nous travaillons avec la Ville depuis de nombreuses années et la collaboration s’est officialisée en 2011 avec la création de la commission. Notre rôle dans les projets est de tester et de faire des suggestions. L’intérêt du groupe est d’exprimer les points de vue et les difficultés de personnes touchées par des handicaps différents pour aboutir à des solutions qui conviennent au plus grand nombre. La collaboration avec la mairie est vraiment bonne : nous sommes sollicités et entendus ! Nos préconisations sont prises en compte, dès lors qu’elles sont compatibles avec les enveloppes budgétaires et les moyens humains.

— Cathrine Wirbelauer,
directrice de territoire APF France handicap

Mais au-delà des travaux d’accessibilité, c’est aussi l’attitude citoyenne de chacune et de chacun qui est essentielle pour éviter que les véhicules ou vélos, les poubelles ou les terrasses des cafés n’empêchent de circuler… tout le monde est concerné.