histoire mémoire

Entretien : Michel Duru, l’importance de combattre l’oubli

À l’occasion de l’inauguration du Centre de la Résistance, de la déportation et de la mémoire (CRDM) le 9 novembre, rencontre avec Michel Duru, l’un des derniers blésois à avoir directement vécu les événements survenus entre 1939 et 1945.

Publié le

Localisé au pied du Château, le CRDM est le prolongement du musée de la Résistance. Quand et comment ce musée avait-il vu le jour ?

Michel Duru : À partir de 1965, quelques membres de l’Amicale des anciens du Corps franc de l’air Valin-de-la-Vaissière, dont je faisais partie, ont été amenés à se rendre dans différentes communes pour évoquer nos souvenirs, dans le cadre de conférences et de projections d’un film réalisé par Raymond Casas sur notre séjour sur le front de Lorient, en 1944–1945.

Quelques années plus tard, l’idée de créer un musée a commencé à germer. Nous avions beaucoup de matériel disponible, mais il fallait trouver un lieu pour le mettre en valeur. À l’époque, Pierre Sudreau, lui-même ancien Résistant, était maire de la ville et il a mis à notre disposition la salle Gaston-d’Orléans du Château, afin que nous y tenions une exposition annuelle.

Puis, vers 1993, le tribunal des Prudhommes a été appelé à déménager et à quitter ses locaux de la place de la Grève, que le maire Jack Lang nous
a alors offerts d’emblée. Au début de 1994, nous avons créé l’association des Amis du musée ; ensemble, nous avons trié fusils, photos, vêtements, etc., visité des musées du genre déjà existants (Lorris, Fussy, etc.), identifiés des thématiques et le Musée a officiellement ouvert ses portes le 8 mai 1995.

En quoi, le Musée d’abord et le nouveau CRDM sont-ils importants pour vous ?

M. D. : Lors de l’inauguration en 1995, notre regretté camarade Daniel Chereau avait dit : « Nous nous sommes investis dans une œuvre qui doit être poursuivie au-delà de nous-mêmes pour conserver et perpétuer la mémoire des dures épreuves que nous avons vécues ». Fin 2007, début 2008, la Ville a pris en charge la gestion du Musée, ce qui en assurait la pérennité.

L’ouverture du CRDM vient consolider cette perspective de durée. Bien que les impératifs d’une muséographie plus moderne obligent à réduire le matériel exposé, la nouvelle présentation peut davantage toucher les jeunes visiteuses et visiteurs.

Justement, quel message souhaitez-vous livrer aux nouvelles générations ?

M. D. : Les anciens Résistants ont toujours eu le souci de transmettre aux jeunes générations le « devoir de mémoire » qui est une « volonté de combattre l’oubli ». À travers l’actualité nationale et internationale, il faut leur rappeler que la liberté n’est jamais définitivement acquise et qu’il faut la respecter, la préserver et la cultiver. C’est en ce sens et dans ce but, qu’avec le CRDM, notre Musée créé en 1995 continue de vivre !

En pratique

© OpenStreetMap contributors