vie municipale

Entretien avec Marc Gricourt

Marc Gricourt, maire de Blois, entame son troisième mandat. L’occasion pour « Blois mag » de faire le point avec lui sur les projets à poursuivre et à venir.

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M. le maire, vous avez été réélu pour un troisième mandat, quel message souhaitez-vous adresser aux Blésois·es ?

D’abord les remercier de leur soutien fort. Le résultat du premier tour a été une grande émotion, dans le contexte de crise sanitaire qui s’annonçait et qui dès le lendemain nous mettait en confinement durant deux mois. Ensuite leur confirmer que je resterai le maire que je suis depuis 2008 : entièrement dédié à ma mission, le maire de tou·tes et de chacun·e, à la tête d’une équipe profondément renouvelée, débordant d’énergie pour mettre en œuvre le projet politique sur lequel nous avons été élus, tout en restant bien entendu au contact, à l’écoute de mes concitoyen·nes, prêt également à ajuster les projets à venir après cette crise sans précédent.

Quels seront les axes forts de cette nouvelle mandature ?

Notre projet s’intitulait faire de Blois une ville résolument attractive, écologique, citoyenne et solidaire. Chacun de ces adjectifs est un axe de travail très transversal. La crise a d’ailleurs bien montré que l’urgence se situait dans ces transitions environnementales, sociales et citoyennes à combiner avec notre volonté permanente de développer notre territoire pour qu’il soit toujours plus attractif.

Quels seront les premiers projets à voir le jour ?

La crise du coronavirus et le confinement ont mis certains projets et chantiers à l’arrêt et les calendriers ont tous été bouleversés. Certains ont repris dès le début du mois de mai, d’autres peinent à redémarrer pour des tonnes de raisons. Parmi les chantiers les plus visibles c’est sans doute celui de la gare, l’aménagement du parvis qui devrait être achevé à la fin de cette année ou tout début d’année prochaine, avant que ne s’entame dans la foulée la construction du nouveau bâtiment pédagogique de l’Insa. Seront également construits une résidence sénior, la maison des mobilités, une résidence
étudiante, un hôtel trois étoiles et des logements en accession à la propriété. Ce quartier va complètement changer de physionomie dans les trois à quatre ans à venir, avec une place du végétal que nous souhaitons plus forte.

Le projet Saint-Vincent est confirmé mais pourrait être amendé pour tenir compte de ce que la crise nous invite à définir comme compréhension du « monde d’après », l’Hôtel-Dieu et sa reconversion en habitat et en équipements culturels va lui aussi reprendre son rythme, de même que les aménagements des bords de Loire sur la promenade Mendès-France… Au nord de la ville, la nouvelle école Mandela va également entrer dans une phase opérationnelle après la phase d’étude et de concertation, les projets de rénovation des gymnases Traoré et Cerdan, les réfections de voirie, la mise en place d’un plan de circulation douce ou encore les opérations de retour de la nature en ville… Comme vous le voyez, ce ne sont que quelques exemples de notre ambition et de notre volonté de poursuivre une action en faveur des Blésoises et des Blésois.

Nous avons vécu une crise sanitaire sans précédent, quelles leçons peut-on tirer de cette période ?

La première, c’est le rappel de la fragilité humaine devant la maladie. Dans le même temps, c’est la prise de conscience du rôle de l’humain sur son environnement et les conséquences de nos actes pas forcément toujours assez réfléchis. Cette crise a également démontré la fragilité de notre modèle économique : la disparition progressive de certains pans industriels provoque certaines dépendances qui, en état de crise, menacent lourdement nos organisations. La crise sanitaire a également démontré le trop grand désengagement des pouvoirs publics dans le domaine sanitaire. Je le dénonce depuis longtemps et j’espère cette fois que la phrase de bon sens qui dit que « si la santé a un coût, elle n’a pas de prix » sera comprise. Il ne faut plus faire d’économies sur le dos de notre système de santé. J’ajoute également que cette crise a montré que pour continuer de fonctionner, notre société s’appuie sur celles et ceux qui en général sont les moins bien traité·es de notre système, des personnels de soins en passant par les enseignant·es, le rôle des caissier·ères, des éboueur·euses, des agent·es des services public de proximité, des commerçant·es a été souligné. Saurons-nous nous en souvenir collectivement pour redonner de la justice dans la répartition des richesses ? Rien n’est moins sûr si un projet politique de cette nature n’est pas porté au plus haut niveau de l’État comme dans les territoires. Cette crise démontre que le politique doit reprendre toute sa place et orienter l’économie plus que de lui obéir. Réorienter l’économie et attirer de nouvelles entreprises, c’est le volontarisme plus fort que nous attendons de l’agglomération vers la « nouvelle économie ».

Quel rôle la municipalité peut-elle jouer dans la création d’un autre modèle de société ?

À chaque échelle d’organisation territoriale et politique, il est possible de faire quelque chose. Une fois encore, cela dépend des orientations qui sont prises et démocratiquement validées par le suffrage universel. Ce principe étant posé, ici à Blois, notre intention dans le projet que nous avons soumis aux Blésois·es était de répondre aux urgences environnementales, sociales et citoyennes. La crise du Covid me conforte dans ces choix. Il nous faut changer de logiciel, réinterroger nos pratiques, prendre appui sur ce que cette crise a également fait surgir en termes de modifications de nos modes de vie, de consommation, de déplacements ou encore notre capacité à déployer des élans de solidarité qui ne doivent pas être que des applaudissements aux fenêtres. Les changements qui s’imposent sont de la responsabilité de tou·tes. Les décideur·euses politiques doivent jouer pleinement leur rôle, mais chaque citoyen·ne doit se sentir concerné·e et porte aussi une part de responsabilité pour faire de ce monde d’après tant répété dans les médias une réalité.

Le politique doit reprendre toute sa place et orienter l’économie plus que de lui obéir.