Le mystère de Georges, l’hippopotame

Quelle visiteuse ou visiteur du Muséum d’histoire naturelle de Blois ne connaît pas Georges ? Ce surveillant imposant règne depuis trois décennies sur la salle d’exposition temporaire.

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Publié le

par Anne-Laure Boukef

Georges est un hippopotame et nous ne connaissions de son histoire que quelques bribes. Une plongée dans les archives du Muséum national d’histoire naturelle de Paris puis dans celles de la Société d’histoire naturelle de Loir-et-Cher a fait émerger une histoire passionnante.

Tout commence avec Georges Cuvier (1769–1832). Le célèbre scientifique a besoin d’un squelette d’hippopotame mâle pour ses travaux, mais aucun squelette entier n’existe en Europe. Le Muséum national envoie alors un explorateur chevronné, Pierre Antoine Delalande (1787-1823), collecter le précieux spécimen. Peau et squelette arrivent à Paris en 1820, permettant à Cuvier de terminer la seconde édition de son ouvrage Recherches sur les ossements fossiles. La peau est préparée séparément et l’animal naturalisé est exposé dans une des galeries du Muséum national. La renommée du spécimen est importante : c’est grâce à lui que la sous-espèce Hippopotamus amphibius capensis ou Hippopotame du Cap, a été décrite. Il en est donc le spécimen type.

Quelques années plus tard, décision est prise d’offrir l’Hippopotame à l’un des muséums de province, celui de Blois. Georges arrive ainsi dans la cité ligérienne, en 1913, par le train. À l’époque, le muséum est installé dans l’actuel Hôtel de Ville. Mais la Seconde Guerre mondiale bouleverse tout et Georges est rapatrié dans les combles du Château de Blois, où il passe quarante longues années avant que la municipalité ne décide de rouvrir le muséum, dans l’immeuble des Jacobins, au début des années 1980. Georges déménage alors une dernière fois pour rejoindre l’emplacement qu’on lui connaît. Son squelette, lui, est toujours à Paris, exposé dans la galerie d’Anatomie comparée.

Quant aux raisons du prénom Georges : est-ce un hommage à Cuvier ? Pour le moment, le mystère demeure…

Retrouvez l’histoire complète dans la revue Espèces numéro 38 de décembre 2020 à février 2021, revue consultable à la bibliothèque Abbé-Grégoire.