Du fait de l’activité humaine et de ses conséquences sur le climat, la ressource en eau s’appauvrit et sa qualité se dégrade. Face à ces constats, la Ville et Agglopolys développent de nombreuses solutions pour s’adapter à la sécheresse et lutter contre la pollution. Mais la mobilisation doit être encore plus générale.
On l’appelle l’or bleu. L’eau, on le sait, est une ressource naturelle de plus en plus rare et de plus en plus précieuse. Les alertes se multiplient et ne peuvent être ignorées
Fin février, le sixième rapport du GIEC tirait la sonnette d’alarme : si le réchauffement climatique n’est pas maîtrisé, les épisodes de sécheresses intenses se multiplieront, entraînant des pénuries d’eau et des dégradations de sa qualité. Ces phénomènes, il faut en avoir conscience, n’épargneront pas l’Europe. Sans adaptation, les conséquences pourraient être désastreuses.
Or, deux mois après ce rapport, la communauté scientifique faisait une autre annonce fracassante : la sixième limite planétaire (sur 9), celle du cycle de l’eau douce, venait d’être franchie (voir « Une question à Hélène Menou », plus bas).
Le constat est clair : l’appauvrissement de la ressource constitue un danger pour l’humanité. Il est donc plus qu’urgent de tout mettre en œuvre pour la préserver.
Agir sur la protection de la ressource et son usage
Sensibles à cette problématique, la Ville et Agglopolys ont inscrit la question de l’eau et de la sobriété des usages à leur Plan climat dès 2018. Les deux collectivités travaillent main dans la main. Des actions peuvent et doivent être menées à tous les niveaux, mais la question globale ne peut être abordée qu’à l’échelle du grand territoire, explique Jérôme Boujot, adjoint au maire à la ville durable et vice-président d’Agglopolys au cycle de l’eau. L’eau ne connaît pas de frontières.
Ainsi, c’est à la communauté d’agglomération que revient aussi bien la compétence du petit cycle de l’eau (potable et pluviale) que celle de son grand cycle (la fameuse GEMAPI, gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). Cela nous permet d’agir à la fois sur la protection de la ressource et sur son usage
, résume Hélène Menou, adjointe au maire en charge du Plan climat.
Une qualité de l’eau dégradée
Pour exercer la compétence « gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations », Agglopolys s’appuie sur les syndicats de rivières, qui déclinent des politiques de préservation de la ressource et de restauration de la qualité des milieux aquatiques à l’échelle de leurs territoires. Trois exercent sur le périmètre d’Agglopolys, au niveau des bassins versants de la Cisse, du Beuvron et de l’Amasse. Ces syndicats de rivières réalisent des travaux de renaturation des berges et de renforcement de la biodiversité pour améliorer la qualité de l’eau des rivières.
Certaines nappes, notamment au Nord de Blois, conservent des polluants. Les problèmes de pollution des eaux ont des facteurs multiples : plastique, engrais et pesticides, contraceptifs, destruction des milieux naturels, usages industriels passés, etc. Divers moyens sont mis en œuvre pour ne pas aggraver le phénomène et préserver ce qui peut l’être, mais le problème n’en reste pas moins persistant.
À Blois, l’eau potable provient à 60 % de la Loire et à 40 % de la nappe des calcaires de Beauce. Pour autant, ces proportions ont dû être inversées les deux derniers étés, à cause d’un niveau du fleuve trop bas et d’une température trop élevée, facteurs favorables au développement de cyanobactéries. Cela n’a pas eu d’incidence sur la qualité de l’eau potable grâce aux ajustements qui ont pu être faits.
Économisons l’eau aujourd’hui pour en avoir encore demain
Les épisodes de sécheresse s’accentuent et les inondations seront aussi plus intenses, constate Nicolas Orgelet, vice-président d’Agglopolys en charge de la transition écologique. Globalement, les tensions sur l’usage de l’eau douce augmentent entre la consommation des ménages, celle de l’industrie et celle de l’agriculture. Il va falloir économiser, mieux partager l’usage de la ressource et mieux protéger aussi les milieux naturels qui la préservent.
Ces phénomènes, que le changement climatique devrait accentuer, se traduisent par de longues périodes de déficit en eau ; les épisodes pluvieux intenses entraînent l’engorgement des sols mais ne permettent pas le rechargement suffisant des nappes phréatiques qui est un processus long.
Le 21 avril 2022, la préfecture a déclenché le premier niveau d’alerte de l’arrêté sécheresse, dont l’objectif est de garantir les usages prioritaires de la ressource en cas de manque, via une série de mesures de restrictions destinées aux particuliers, aux entreprises, aux agriculteurs et aux collectivités. Si cette décision a été prise, c’est que le constat a été fait d’un trop faible rechargement des nappes phréatiques durant l’hiver. Une sécheresse est à craindre, et donc une tension sur l’accès à l’eau potable.
Il ne faut pas attendre pour modérer ses usages
L’arrêté préfectoral comporte quatre niveaux d’alerte. Au moment de finaliser de cet article (mi-mai 2022), nous n’en sommes qu’au premier, celui dit « de vigilance », qui n’impose pas de mesures contraignantes mais permet de sensibiliser les usagers. Pour autant, il convient de se remémorer que, durant pratiquement tout l’été dernier, le département était en alerte maximale. Un niveau dit « de crise » imposant d’importantes restrictions pour que la ressource en eau continue de répondre aux exigences de santé, de salubrité publique, de sécurité civile et d’alimentation en eau potable. C’est pourquoi il ne faut pas attendre pour modérer ses usages, insiste Hélène Menou en rappelant que, dès le deuxième niveau d’alerte, il est interdit d’arroser sa pelouse et son jardin d’ornement, de laver sa voiture au jet ou encore de remplir sa piscine et ses fontaines
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L’industrie aussi !
Le monde de l’industrie a lui aussi un rôle important à jouer dans la préservation de la ressource en eau. Certains l’ont bien compris, à l’image de la blanchisserie industrielle ANRH, à Blois. D’une part, l’entreprise adaptée a investi dans un tunnel de lavage économe en eau ; d’autre part, elle a mis en place un système de réemploi des bains de rinçage pour le trempage. C’est un travail de longue haleine qui nécessite la mobilisation de tous les collaborateurs, mais nous en sommes fiers car la baisse de nos consommations est significative, de l’ordre de 30 % de notre consommation d’eau annuelle
, note Rebecca Delhuvenne, directrice de la structure. Déterminée à encourager le développement de telles résolutions vertueuses, Agglopolys et la Chambre de commerce et d’industrie ont lancé une démarche d’écologie industrielle territoriale dont l’objectif est de faciliter le partage des connaissances et les collaborations entre les entreprises locales sur les bonnes pratiques d’adaptation climatique et de préservation de l’environnement.
Une question à… Hélène Menou
Pourquoi est-il urgent de se préoccuper de son propre usage de l’eau ?
Parmi les conséquences du changement climatique, les canicules provoquent des sècheresses ainsi que la diminution des débits des rivières et des niveaux des nappes phréatiques. Il y a peu, nous avons franchi la sixième limite planétaire (sur 9), celle du cycle de l’eau : c’est le seuil à partir duquel l’humanité risque de compromettre les conditions favorables à la vie. C’est pourquoi dans l’agriculture, l’industrie, les collectivités mais aussi en tant qu’habitant, chacun doit œuvrer à préserver ce bien précieux, en interdisant les pollutions (peintures, produits d’entretiens, pesticides, déchets, etc.) et en adoptant une sobriété de tous les jours.