Ana Madet : quand la musique devient un moyen d’expression

musique égalité des droits

Publié le

Ana revient de loin. Élevée par un père maltraitant qui l’a violée, frappée, humiliée jusqu’à ses dix-sept ans, elle saisit l’opportunité de réaliser ses études supérieures dans une autre ville : un bon moyen de s’échapper, pour débuter une nouvelle vie et se reconstruire. Elle découvre les joies de la vie d’étudiante et se redécouvre, libre.

Son master de sciences technologies et santé la conduit à Blois, où elle effectue son stage de fin d’études, dans l’entreprise Poulain. L’ingénieure qualité évolue dans différentes entreprises du secteur industriel et logistique jusqu’à devenir responsable projet.

Dans sa vie personnelle, tout roule aussi, à l’aube de ses trente ans, elle vit en couple et le désir de maternité est présent. Une vie paisible s’annonce, peut-être un peu trop pour Ana, qui, débordante d’énergie et de joie, se pose la question de ce qui lui manque pour vibrer davantage ?

De tout temps, la musique l’accompagne. Elle a été son refuge, son jardin secret pour encaisser, relativiser et passer à autre chose. Alors, elle compose, et sort en 2022 ses premières chansons, basées sur sa propre histoire. Elle n’y évoque pas clairement l’inceste, mais plutôt les étapes de la reconstruction, avec des messages positifs et joyeux.

En 2022, la naissance de sa fille l’amène à aller plus loin. J’ai tellement grandi dans le mensonge que je n’imaginais pas continuer à me taire. J’ai pris conscience qu’il fallait parler pour protéger ses enfants et libérer d’autres victimes. Elle monte alors un podcast et se met à écrire de nouvelles chansons plus évocatrices sur le consentement et les violences. Les clips de Non, c’est non et Je te crois diffusés sur YouTube, sont partagés dans les établissements scolaires. Des prises de conscience s’opèrent, les langues se délient.

Pour aller plus loin, Ana, accompagnée d’une dizaine d’hommes et de femmes, a décidé de créer l’antenne NousToustes 41, dont l’objectif est de mener des actions de prévention contre les violences sexistes et sexuelles.

Question : comment s’articule NousToustes 41 avec les autres associations de défense des femmes ?

Nous souhaitons venir en complémentarité des actions déjà menées par les structures présentes. Par exemple, en venant témoigner de notre histoire vécue. Nous avons déjà rencontré plusieurs associations qui sont très emballées pour monter des projets collectifs. Il y a tellement à faire contre les violences, que chaque petite action a son importance. D’ailleurs, nous invitons tous ceux et celles qui le souhaitent, à venir nous rencontrer le 25 novembre 2023, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, sur la place Louis-XII où nous aurons un stand d’information.

Contacts

Article par Émilie Marmion, photo © Nicolas Wietrich.