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Plus de 100 élèves des écoles du quartier étaient présents pour rendre hommage aux soldats, résistants, déportés des conflits du 20e siècle. Hommage à Pierre Thoraval, résistant blésois ayant rejoint le corps franc Valin-de-la-Vaissière et tombé à Plouharnel le 6 mars 1945.

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Anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918 : discours du maire

Blois commémorait ce matin le 104e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, la victoire, la paix, et rendait hommage à toutes celles et ceux morts pour la France.

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Discours du maire de Blois, Marc Gricourt

Monsieur le préfet de Loir-et-Cher,
madame la députée,
mesdames et messieurs les élus,
monsieur le délégué militaire départemental,
mon colonel,
madame la directrice académique,
mesdames et messieurs les porte-drapeaux,
chers professeurs,
enseignants et élèves de Blois,
mesdames, messieurs,
chers amis,

Je suis heureux de vous retrouver ici et de redire ma reconnaissance à l’égard de celles et ceux qui perpétuent notre mémoire nationale. À l’heure où les notions de citoyenneté et d’attachement aux valeurs de la République sont constamment requestionnées, je crois que ces moments, qui nous rassemblent sous les couleurs nationales, sont importants, particulièrement pour nos jeunes, ici présents.

Aujourd’hui, partout sur le territoire français, dans chaque village et dans chaque ville, nous unissons nos mémoires pour célébrer l’Armistice consécutif à quatre années d’une guerre particulièrement meurtrière, quatre années d’horreur, de larmes, de drames quotidiens. Quatre années où la France a vu plus d’1,3 millions de sa population, 1,3 millions de ses enfants, périr sous le feu ennemi. Combien de familles endeuillées ? Combien d’orphelins ? Quatre années terribles donc.

Devant un bilan accablant — un véritable massacre — notre pays est au chevet des blessés, des mutilés, des invalides, des « gueules cassées ». La France pleure ses morts. Près d’un siècle après ces jours sombres, les derniers témoins de cette tragédie ne sont plus des nôtres pour témoigner des peines immenses qu’ils eurent à subir.

Avec le travail nourri des indispensables historiens, nous sommes aujourd’hui interpellés par le courage collectif singulier, de ces combattants, de ces Français qui érigèrent la liberté de la Patrie, en objectif ultime. La France ne peut et ne doit effacer le total héroïsme, le total courage de nos soldats d’alors. Et nous de nous souvenir d’une solidarité singulière qui s’est faite dans l’ensemble du pays et dont l’exemple nous oblige.

En Loir-et-Cher, grâce au travail des Archives départementales et à la famille de l’un de nos compatriotes, nous retenons l’engagement d’Albert-Jean Desprès, secrétaire de mairie, mobilisé le 2 août 1914 comme sous-officier. Il décède le 1er mai 1918 à l’âge de 37 ans et est déclaré mort pour la France. Ce poilu nous laisse en héritage près de 600 lettres qui permettent de documenter, en partie, un brin de notre histoire, et un bout de l’histoire de notre département. Je vous recommande, particulièrement à vous chers élèves de nos écoles, de consulter et d’étudier les lettres d’Albert-Jean Desprès qui seront je l’espère, une lumière éclairante pour la compréhension, au moins partielle, du vécu de ces jeunes gens, qui ont été mobilisés pour le service de la France.

Après la Grande Guerre, nous n’avons pas appris. Après nos morts de la première, on rajoutera aux plaques des monuments ceux de la 2e guerre mondiale puis ceux des conflits liés à la colonisation et puis, plus récemment ceux morts en opérations extérieures.

Vous le savez, depuis 2012, à l’initiative du Président Sarkozy, cette commémoration est aussi l’occasion d’un hommage à tous les Morts pour la France. En près de 60 ans, nous avons perdus près de 800 de nos enfants sur les théâtres d’opérations extérieures.

Je voudrais qu’ensemble, nos pensées accompagnent la mémoire du seul soldat français tombé en cette année. Engagé dans le cadre de l’opération « Barkhane », le brigadier Martin est grièvement blessé le 22 janvier dernier, suite à des tirs visant la plateforme opérationnelle désert de Gao. Pris en charge par le détachement médical désert, il décède de ses blessures quelques heures plus tard.

Brigadier Alexandre Martin, du 54e régiment d’artillerie de Hyères, 25 ans, mort pour la France.

Je voudrais aussi rendre hommage aux civils, écartés de cette commémoration et en particulier saluer le rôle des femmes qui, avec courage et abnégation apportaient le secours médical sur le front, nourrissaient les troupes ou encore, travaillaient à la production d’obus. Dans le malheur de la guerre, le rôle des femme fût en quelque sorte, la première pierre d’un long combat pour l’émancipation et l’égalité. Elles sont encore trop souvent, les oubliées du récit et je tenais à le rappeler et à leur rendre hommage.

Comment ne pas évoquer aussi, le destin de notre ami Michel Esnault, qui nous quittait il y a quelques jours pour son dernier voyage.

Je voudrai conclure en faisant résonner ici les mots d’un homme. Citoyens, je veux vous dire ce soir que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été, dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole.

Ces mots furent les derniers prononcés en public par Jean Jaurès. C’était le 25 juillet 1914 à Lyon, il y a un peu plus de 108 ans et, aujourd’hui, les mots de Jaurès raisonnent comme un avertissement au monde. Et je nous pose cette question : à quoi bon commémorer, à quoi bon se souvenir, à quoi bon se réunir ici chaque année si ce n’est, aussi, pour tirer les leçons d’un passé pas si éloigné de nous ?

Honneurs à tous les morts pour la Patrie !
Vive la République, vive la France.

Marc Gricourt, maire de Blois, 11 novembre 2022

Seul le prononcé fait foi.

La France ne peut et ne doit effacer le total héroïsme, le total courage de nos soldats d’alors. Et nous de nous souvenir d’une solidarité singulière qui s’est faite dans l’ensemble du pays et dont l’exemple nous oblige.