Discours du maire de Blois, Marc Gricourt
Monsieur le secrétaire général de la préfecture, sous préfet
monsieur le conseiller départemental représentant le président, cher Yves,
mesdames et messieurs les élu·es, cher·es collègues,
madame la directrice académique, et à travers vous je salue tous les professeurs et élèves présents,
monsieur le délégué militaire départemental, mon colonel, mesdames et messieurs représentants de la gendarmerie, polices nationale et municipale, nos sapeurs pompiers,
mesdames et messieurs les représentants des associations patriotiques et civiles,
mesdames, messieurs
chers amis,
Depuis 101 ans, le 11 novembre venu, partout en France, les Françaises et les Français s’unissent à l’occasion de la signature, il y a 105 ans, de l’Armistice en forêt de Compiègne. Le 11e jour, du 11e mois, à 11 h, la Première Guerre mondiale prend fin.
En ce jour, comme chaque année, nous nous unissons pour que perdure la flamme essentielle de la mémoire, la flamme essentielle du passage de témoin, celle encore, qui doit nous rappeler, particulièrement aux jeunes générations, combien les guerres — qu’importe que nous soyons l’attaquant ou le défenseur — toutes les guerres sont meurtrières. Toutes les guerres laissent derrière elles, amertume, chagrin, désarroi, horreur. Toutes trimballent, de ville en village, les affres du sang, de la douleur, l’odeur de la poudre encore brûlante. 1914–1918 : 18,6 millions de morts dont 9 millions de civils. « Une boucherie » comme beaucoup la qualifieront et à juste titre : durant la seule journée du 22 août 1914, 27 000 soldats français sont tués dont 1 200 soldats du 113e régiment d’infanterie de Blois !
Je salue ici nos porte-drapeaux et par leur intermédiaire, nos associations patriotiques qui portent un travail de mémoire tout au long de l’année. Je veux aussi rappeler le rôle majeur de notre Centre de la Résistance, de la déportation et de la Mémoire, un projet que j’ai initié et dont je suis fier car il est un outil pédagogique exceptionnel. Les guerres sont toujours effroyables, elles se traduisent par le sacrifice de ceux qui parfois, n’avaient même pas 20 ans, appelés sous les drapeaux pour défendre le pays avec courage, dans une mission qui les dépassait. Elle les dépassait parce qu’ils se battaient pour une cause, celle de la Liberté, cause bien plus grande qu’eux-mêmes. Comment louer l’action de nos associations mémorielles, sans évoquer notre ami Jean Goujon qui nous quittait voilà près d’un mois. Je salue sa mémoire. Jean comme beaucoup d’autres qui l’ont précédé, nous manque déjà.
N’oublions pas non plus que depuis 2012, cette journée est aussi celle de tous les morts pour la France, notamment nos militaires qui ont péri sur les théâtres d’opérations sur lesquels la France est engagée et, comme chaque année, il me tient à cœur de faire résonner les noms de ceux qui nous ont été enlevés récemment : sergent-chef Baptiste Gauchot, sapeur de combat, 26 ans ; adjudant-chef Nicolas Latourte, chef de section, 29 ans ; sergent-chef Nicolas Mazier. Ils sont morts pour la France à Basheer en Irak.
Si cette commémoration a pour but initial de se souvenir, elle a je crois depuis son existence, l’ambition que nous puissions en tirer des leçons. Des leçons qui devraient nous donner à réfléchir, nous engager sur la voie de la paix. Que diraient-ils aujourd’hui ? Que diraient-ils, nos poilus devant l’état du monde ? Que diraient-ils face aux confrontations successives des uns et des autres quand eux, ont donné leur vie pour la paix ? Nous n’avons pas appris. Le ferons-nous un jour ? Sensibiliser, éduquer, enseigner. Arrivé au pouvoir, Léon Blum avait d’ailleurs déclaré : l’Éducation, résolument orientée vers la paix, doit être au cœur de notre action
.
Tensions dans différents endroits de la planète, guerre en Ukraine, persistance de la guerre en Syrie, conflit à Gaza… comment ne pas être préoccupé ? Les extrémismes politiques et/ou religieux sont trop souvent à l’origine de ces conflits. Ce sont les extrémistes des deux bords, en Palestine et en Israël qui ont empêché la Paix en mettant à mal les accords d’Oslo de 1993. Aucune mort ne vaut plus ou moins qu’une autre. La mort d’un enfant est le plus terrible, la mort d’un enfant Israélien ou d’un enfant Palestinien est une atrocité insupportable, inacceptable.
Et les idées nationalistes, xénophobes, antisémites, homophobes qui croissent partout et notamment en Europe sont une préoccupation majeure. L’antisémitisme qui s’est manifesté plus fortement ces derniers temps et ici à Blois également, est intolérable et nous le combattons. L’antisémitisme est encore plus insupportable en France, dans le pays qui a été celui de l’affaire Dreyfus, de la collaboration de Vichy avec le nazisme, le pays de la rafle du Vel’d’Hiv. Et le visage de l’antisémitisme est aujourd’hui celui de l’islamophobie, la propagande utilise les mêmes termes, les mêmes slogans, nourris de mensonges et de peurs.
Victor Hugo déclara : la guerre c’est la guerre des Hommes ; la paix, c’est la guerre des idées
. Cette cérémonie est l’occasion de rappeler le combat que nous devons mener, et avant tout le combat des idées, des valeurs. Enfin, je nous invite à réfléchir à cette autre phrase de Victor Hugo : Et de l’union des libertés dans la fraternité des peuples naîtra la sympathie des âmes, germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle et que l’on appellera la paix
.
Vive la paix, vive la République et vive la France !
— Marc Gricourt, maire de Blois, 11 novembre 2023
Seul le prononcé fait foi.