Vigilance sécheresse à Blois

Pourquoi l’eau est-elle de plus en plus rare ? pourquoi sa qualité se dégrade-t-elle ? que font la Ville et l’Agglomération pour l’économiser ? Y a-t-il une alerte et des restrictions en ce moment ? Consultez cette page dédiée à la sécheresse pour des éléments de réponse à ces questions.

environnement

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Niveaux d’alerte et restrictions

Quel est le niveau de sécheresse actuel ?

Blois est placée au niveau Vigilance par arrêté de la préfecture du 12 août 2024. Cette décision s’appuie notamment sur les relevés des débits des cours d’eau et des niveaux des nappes d’eau souterraine.

Vous pouvez consulter vigieau.gouv.fr pour vérifier si des restrictions d’eau vous concernent à tout moment.

Quels sont les différents niveaux de sécheresse ?

Il y a 4 niveaux de sécheresse en France :

  1. vigilance — sensibilisation générale à l’économie d’eau ;
  2. alerte —  premières restrictions ;
  3. alerte renforcée — restrictions intermédiaires ;
  4. crise — restrictions fortes.

Comment sont déclarés les niveaux de sécheresse ?

Le niveau 1 (vigilance) est déclaré suite au constat d’une « situation hydrologique dégradée », au début du printemps (période qui correspond à la fin de la recharge des nappes d’eau souterraine et à la reprise de la végétation). Concrètement, ce constat s’appuie sur l’analyse des relevés des stations du réseau ONDE, des prévisions pluviométriques et du bulletin régional mensuel de la situation hydrologique et hydrogéologique (niveau de recharge des nappes souterraines).

Les niveaux 2, 3 et 4 (alerte, alerte renforcée et crise) sont déclarés dans une zone quand le débit moyen journalier du cours d’eau de cette zone (relevé par une station d’alerte) est inférieur à un seuil précis. Chaque zone à ses propres seuils, en fonction de son cours d’eau. Retrouvez le détail de ces seuils, zone par zone, dans l’arrêté-cadre de la préfecture (41-2024-05-29-00002).

Quelles sont les limitations pour le grand public en cas d’alerte ou de crise ?

Voici les restrictions prévues pour le grand public par un arrêté-cadre de la préfecture (41-2024-05-29-00002).

Tableau présentant les restrictions selon les trois niveaux d’alerte de sécheresse pour différents usages de l’eau
  Alerte Alerte renforcée Crise
Lavage des véhicules Interdit, sauf stations professionnelles équipées d’un système de recyclage des eaux ou d’un système de lavage haute pression.
Nettoyage des façades, voiries, toitures, trottoirs et autres surfaces imperméabilisées ne faisant pas l’objet de travaux
  • Voiries, trottoirs et autres surfaces imperméabilisées : limité au strict nécessaire pour assurer l’hygiène et la salubrité publique.
  • Façades, toitures : interdiction
Arrosage des pelouses, massifs fleuris, fleurs en pots, arbres et arbustes Interdit de 10 h à 18 h. Interdit, sauf pour les jeunes gazons implantés depuis l’automne précédent, les arbres et arbustes de moins de 2 ans et les massifs fleuris de sites majeurs (8 h–20 h, réduit au strict nécessaire)
Arrosage des jardins potagers Interdit de 10 h à 18 h. Interdit de 8 h à 20 h.
Arrosage des terrains de sport Interdit de 10 h à 18 h. Interdit de 8 h à 20 h. Interdit, sauf pour les jeunes gazons implantés depuis l’automne précédent, pour les terrains accueillant des compétitions de niveau national, où les arrosages sont autorisés de 8 h à 20 h, réduits au strict nécessaire) et pour les terrains équipés du système de syringe.
Alimentation des fontaines d’ornement, bassins d’ornement, jeux d’eau, etc. Interdit, sauf circuit fermé.
Note : les fontaines d'ornement de Blois sont en circuit fermé.
Remplissage et vidange de piscines privées (de plus d’un mètre cube et à usage privé et familial) Interdiction de remplissage,
sauf remise à niveau nécessaire au bon fonctionnement de l’ouvrage et premier remplissage pour chantier en cours

Mesures prises par la Ville et l’Agglomération

1. La gestion écologique des eaux de pluie

Permettre aux eaux de pluie de s’infiltrer au plus près de là où elles tombent afin d’éviter leur pollution et la saturation des réseaux, mais aussi de favoriser le rechargement des nappes phréatiques : tel est l’objet de la gestion naturelle des eaux de pluie, désormais appliquée à tous les projets d’aménagements de la Ville (rue du Bourg-Neuf, quartier Clérancerie, gymnase Marie-Amélie-Le-Fur, etc.).

2. La désimperméabilisation des cours d’écoles

Voté fin 2020, le programme de réaménagement des cours d’écoles a pour objectif de rendre ces espaces de vie plus verts et plus ouverts. La gestion écologique des eaux de pluie y est intégrée, sur la base d’une déconnexion d’une partie des bâtiments couplée à une désimperméabilisation des sols (remplacement du bitume par un sol perméable). La cour de l’école élémentaire Raphaël-Périé a été la première à bénéficier de ces aménagements. L’école élémentaire Parodi sera la prochaine à en bénéficier, durant la pause estivale 2023. La Ville a également lancé un programme de désimperméabilisation des pieds d’arbres sur l’espace public, pour réduire l’artificialisation des sols et adapter la ville au changement climatique.

3. La sobriété au jardin

Végétaliser plus en consommant moins d’eau, tel est le défi relevé par la direction Parcs, Jardins et Espaces naturels. Pour ce faire, les équipes travaillent à la sobriété de leurs usages – à travers la gestion écologique des eaux de pluie, l’installation de cuves de récupération, l’adoption de nouvelles pratiques (paillage, diminution des tailles et tontes en été, suppression des engrais chimiques, etc.) et l’introduction de variétés de plantes capables de s’adapter au changement climatique.

4. La lutte contre les lingettes jetables

À travers une campagne de communication lancée il y a près de 10 ans et régulièrement reprise, la Communauté d’agglomération se fait le fer de lance de la lutte contre le fléau que constituent les lingettes à usage unique — qui, lorsqu’elles sont jetées dans les toilettes — peuvent boucher les pompes et les canalisations, voire se retrouver dans la Loire. Favorisons l’usage d’éponges ou de lingettes lavables.

5. L’expérimentation d’un filtre à déchets

La Ville et la Communauté d’agglomération expérimentent, depuis 2022, l’installation d’un filtre destiné à récupérer les déchets jetés par terre et qui se retrouvent dans les caniveaux (et donc dans les réseaux pluviaux) avant qu’ils ne soient rejetés dans la Loire.

6. La restauration du ruisseau des Mées

Une étude a été lancée en 2022 dans l’objectif de renaturer le ruisseau des Mées en lui redonnant une dynamique hydraulique afin de recréer des milieux favorables à la biodiversité et d’améliorer la qualité de son eau.

7. La réhabilitation de la mare de Villiersfins

Lancé en 2022, le projet de restauration de la mare de Villiersfins répond à l’idée de sauvegarder les petites réserves d’eau qui servent de refuge à une faune en danger — en l’occurrence, une population relictuelle de crapauds-accoucheurs.

8. La promotion d’une agriculture responsable

L’objectif du 100 % de produits bio et locaux dans les cantines répond à une volonté de protéger la santé des enfants, mais aussi d’offrir des débouchés aux agriculteurs afin d’encourager leur conversion et, ainsi, préserver l’environnement et les ressources en eau. Parallèlement, dans le cadre plus large du projet alimentaire territorial, 20 agriculteurs volontaires bénéficieront d’un accompagnement de trois ans à la conversion en bio.

9. La protection contre les inondations

Après le renforcement des digues de Loire, qui a augmenté le niveau de protection des populations, la poursuite du projet de parc agricole naturel urbain de la Bouillie permettra de dévier l’eau du fleuve en cas de forte inondation tout en offrant un nouvel espace de nature aux Blésoises et aux Blésois.

Le rôle de l’industrie, de l’agriculture et des services

  • Consultez le site web de la préfecture pour en savoir plus sur les mesures à destination du secteur professionnel.
  • Continuez à défiler pour lire notre article de 2022, qui contient un aperçu de ce que peut faire le monde de l’industrie dans la préservation de l’eau.

Les bons gestes au niveau individuel

À la maison

  • Renseignons-nous sur les restrictions en période de sécheresse et respectons-les (niveau en cours indiqué en haut de cette page).
  • Favorisons le réemploi de l’eau. L’eau de lavage des légumes et l’eau qui coule en attendant que la douche devienne chaude peut être récupérée pour arroser les plantes.
  • Adoptons une consommation raisonnée pour nous nourrir et nous vêtir.
  • Jetons tous les produits chimiques en déchèterie (peinture, huile, lasure, etc.) pour ne pas polluer l’eau.

Au jardin

  • Arrosons au goutte à goutte (ou à l’arrosoir) le matin ou le soir (n’arrosons pas le gazon).
  • Limitons les fleurissement saisonniers (géranium, péthunias, impatiences, etc.) et privilégions les plantes vivaces moins gourmandes en eau et résistantes à la chaleur (sauges, lavandes, romarin, gauras, etc.)
  • Récupérons l’eau de pluie (consultez le guide d’Agglopolys « Récupérer et infiltrer l’eau de pluie dans mon jardin » sur Agglopolys.fr).
  • Paillons le sol et apportons du compost qui retient l’humidité.

Dans ma vie quotidienne

  • La fabrication d’appareils numériques pollue l’eau. Faisons les durer, limitons leur nombre et leur taille.
  • Tirons moins la chasse d’eau, installons un double réglage voire des toilettes sèches comme dans les pays nordiques.
  • Privilégions les douches courtes (aux bains), installons des mousseurs sur la robinetterie, etc.
  • Appliquons les 5R : ​​​​​​​refuser, réduire, réutiliser, réparer, recycler.
Banc de sable dans la Loire

Pourquoi est-il urgent de préserver l’eau ?

par Anne-Sophie Perraudin, 25 avril 2023

La ressource en eau douce n’est pas illimitée. Au contraire, elle s’épuise sous l’effet du réchauffement climatique dû à l’activité humaine, alors même que la demande augmente. Dans le monde, en France, mais aussi à Blois, qui n’est pas épargnée. Une situation qui appelle chacune et chacun à prendre ses responsabilités.

La planète bleue n’est plus si bleue. Les signaux passent même au rouge et le monde s’affole. « Non », la ressource en eau douce n’est pas illimitée ; et « oui », la demande est toujours plus forte. Le phénomène, en outre, n’est pas près de se tarir, en raison notamment de la croissance démographique et de l’évolution des modes de consommation.

Le comble, c’est que la ressource pourrait satisfaire les besoins de toutes et tous si l’on y mettait les moyens et optait pour une gestion responsable.

Mais au lieu de cela, le cycle de l’eau se trouve gravement perturbé par les interactions humaines qui entraînent les effets du réchauffement climatique. Résultat : plus de 2 milliards de personnes vivent dans une région soumise au stress hydrique (où la demande ne peut être satisfaite) et la situation ne devrait qu’empirer. La France n’est pas épargnée, tel que l’ont montré les dernières sécheresses et les manques qu’elles ont engendrés.

L’été qui s’annonce est d’ores-et-déjà réputé critique. Le déficit de précipitations constaté ces derniers mois entraînera à coup sûr un déficit en eau auquel il convient de se préparer. Sous l’effet du dérèglement climatique, les épisodes extrêmes, on le sait, seront de plus en plus importants. Il est plus qu’urgent de s’adapter aux tensions provoquées par le réchauffement, explique Hélène Menou, adjointe au maire en charge du suivi du Plan climat.

Le gouvernement a récemment présenté 53 mesures pour l’eau ; or celles-ci n’ont aucune portée réglementaire ni opérationnelle. Il est donc peu probable que cela soit suivi d’effets note Jérôme Boujot, premier adjoint à la ville durable et vice-président d’Agglopolys en charge du cycle de l’eau. Les intercommunalités possèdent la compétence de la gestion du cycle de l’eau. Beaucoup est déjà realisé, elles n’ont pas attendu ce plan pour agir. Agglopolys n’a pas attendu non plus un plan sécheresse pour lutter contre les fuites d’eau sur le réseau ou pour assurer la distribution d’eau (de bonne qualité) quand la Loire est au plus bas. Par ailleurs, l’État ne prévoit pas le financement de ces mesures. Ce serait l’Agence de l’eau qui pourrait aider. Mais le budget de celle-ci est construit par chaque abonné qui la finance avec la facture d’eau ! Donc ce qui est proposé par le chef de l’État, c’est de demander aux collectivités de faire plus en augmentant la facture d’eau de chacun. Une fois de plus, nous constatons que le gouvernement veut faire imposer des mesures sans concertation tout en taxant les foyers.

Blois en alerte

Le 23 mars 2023, la préfecture de Loir-et-Cher a déclenché le premier niveau de l’arrêté sécheresse pour l’année, qui appelle à la vigilance. En 2022, cette décision était intervenue le 6 mai. Le même phénomène inquiétant se répète : le déficit de précipitations observé ces derniers mois a atteint 73 % en février 2023.

Le niveau de recharge des nappes souterraines est jugé « très préoccupant », tout comme le faible débit des cours d’eau. Or, à Blois, la production d’eau potable repose sur la Loire et le forage de Pimpeneau (Vineuil) : l’usine des eaux puise à 60 % dans le fleuve et à 40 % dans la nappe. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est indéniable que, cette saison, le territoire connaîtra à nouveau d’importantes tensions quant à son approvisionnement. Une cellule de veille, pilotée par la préfecture, a d’ores-et-déjà été mise en place pour contrôler ces évolutions tant quantitatives que qualitatives.

Adopter la sobriété

Face à cette situation amenée à se répéter, il est essentiel que chacune et chacun prenne ses responsabilités en adoptant la sobriété, non pas seulement dans l’instantanéité, mais durablement. Tout le monde est concerné, des particuliers aux collectivités, en passant par les entreprises et les agriculteurs.

Au niveau de la Ville, les services des Parcs et Jardins, des Sports et de la Propreté ont déjà mis en place des mesures concrètes. Aujourd’hui, la Ville cartographie l’ensemble de ses usages afin de permettre à un groupe de travail dédié d’élaborer des propositions stratégiques et opérationnelles visant à aller plus loin dans le plan de sobriété. Il lui revient également de sensibiliser la population sur les enjeux qui existent autour de l’économie de l’eau en général, et sur les petits gestes qui peuvent tout changer en particulier. Car chaque goutte compte, et qu’à défaut de prise de conscience, la pénurie guette, sinon les coupures. La mobilisation est de mise. Dans cette optique, la Région Centre–Val-de-Loire, à l’initiative de son président François Bonneau, organisera les Assises régionales de l’eau le 7 novembre prochain.

Chiffres clés sur la situation mondiale

  • Plus de 80 % des réserves d’eau douce disponibles dans le monde sont prélevées chaque année.
  • En 2030, la demande mondiale d’eau douce dépassera l’offre de 40 %.
  • Prélèvement d’eau par secteur (2017) :
    • 69 % pour l’agriculture ;
    • 19 % pour l’industrie ;
    • 12 % pour l’usage domestique — la consommation d’eau à usage domestique a augmenté de plus de 600 % entre 1960 et 2014.
  • Litres d’eau nécessaires pour certains articles :
    • 2 808 litres pour un hamburger ;
    • 2 495 litres pour une chemise en coton ;
    • 1 700 litres pour une tablette de chocolat ;
    • 230 litres pour un verre de jus de pomme ;
    • 130 litres pour une tasse de café ;
    • 125 litres pour une pomme ;
    • 50 litres pour une tomate ;
    • 27 litres pour une tasse de thé.
  • Litres d’eau nécessaires pour 1 kg de viande :
    • 15 415 litres pour 1 kg de viande de bœuf ;
    • 10 412 litres pour 1 kg de viande de mouton ;
    • 5 988 litres pour 1 kg de viande de porc ;
    • 4 325 litres pour 1 kg de viande de poulet.
  • Un Français consomme en moyenne 4 900 litres d’eau par jour pour se nourrir et s’habiller.
  • 500 communes françaises ont dû être ravitaillées en eau par camions-citerne durant l’été 2022.

Sources : rapport de la commission mondiale sur l’économie de l’eau, The Guardian, Die Zeit, Courrier international.

Chiffres clés sur la situation locale

  • Les barrages (servant à maintenir un débit suffisant sur la Loire pendant les périodes de basses eaux) sont remplis à :
    • 40 % pour le barrage de Naussac ;
    • 92 % pour le barrage de Villerest.
  • La hauteur d’eau dans la nappe « Calcaires de Beauce » (forage Pimpeneau) est au niveau de la moyenne des 10 années les plus sèches.
  • 11 861 mètres cubes d’eau potables sont produits chaque jour par l’usine des eaux en 2021 (contre 14 520 mètres cubes en 2008).
  • Le réseau d’eau potable à Blois représente 249 kilomètres.
  • 1,3 kilomètres de canalisation sont renouvelés en moyenne chaque année.
  • Le rendement du réseau (rapport entre la quantité d’eau qui « arrive » aux usagères et usagers et la quantité d’eau mise en distribution) se situe entre 81 et 84 %.
  • 431 €, c’est le montant de la facture annuelle d’eau pour une famille de 4 personnes (consommation de 120 mètres cubes).
  • 100 000 mètres cubes, c’est la capacité des récupérateurs d’eau mis en place par la Ville sur ses bâtiments.

Une question à… Jérôme Boujot

Peut-on consommer l’eau du robinet ?

À Blois, l’eau est bien traitée et de bonne qualité, tel que nous l’assure l’Agence régionale de santé qui procède à des contrôles réguliers.

Je dirais non pas qu’on peut, mais qu’il faut la boire, même en période de restriction. D’autant que l’eau du robinet est moins chère que celle en bouteille et pollue moins.

À ce titre, j’ai été étonné que le ministre de l’Agriculture demande à l’Anses de revoir sa copie concernant l’interdiction du S-métolachlore, car il est avéré que ce pesticide très répandu pollue la terre et les nappes phréatiques. Pour moi, ces propos sont un non-sens. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un pesticide cancérigène et que des communes de notre circonscription (hors Blois) — sur laquelle le ministre a été élu député — ont été touchées. Il serait plus judicieux de réfléchir à une agriculture de demain plus respectueuse.

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