mémoire

Journée nationale 2021 du souvenir de la déportation

Comme en 2020, la cérémonie pour la Journée nationale 2021 du souvenir de la Déportation et de la Libération des camps ne s’est pas déroulée dans les conditions habituelles. Néanmoins, le maire a souhaité perpétuer la tradition du dépôt de gerbe et ainsi rendre hommage aux millions d’innocentes victimes de la barbarie.

Publié le

Monsieur le préfet, 
mesdames et messieurs les élu·es,
mesdames et messieurs les présidents et représentants des Ordres nationaux, des associations patriotiques et civiles,
mesdames et messieurs les portes-drapeaux,
mesdames et messieurs,
cher·es ami·es,

À l’instar de l’année dernière, la situation sanitaire ne nous permet pas de nous réunir aujourd’hui pour commémorer la Journée nationale de la Déportation et de la Libération des camps. En dépit du contexte, je souhaite perpétuer la tradition du dépôt de gerbe, et ainsi rendre hommage aux millions d’innocentes victimes de la barbarie.

Les circonstances actuelles ne peuvent être un prétexte pour ne pas honorer nos morts. Honorer nos morts est un devoir, une obligation, pour ne pas oublier. Ne pas oublier que ces femmes, ces hommes, ces enfants sont morts, victimes d’une industrie de la mort. Cette industrie a été réfléchie et échafaudée par de véritables architectes de la mort, guidés par des idéaux racistes et une haine aveugle envers ceux qui ne répondaient pas à un idéal établi. Exterminés pour ce qu’ils étaient, pour leur origine, leurs convictions, leurs religions, leurs orientations politiques ou sexuelles, des millions d’innocents ont été assassinés par le régime nazi.

À l’heure où je vous parle, le racisme et la xénophobie n’ont pas disparu. C’est notre devoir aujourd’hui, en honorant la mémoire de ces victimes, de lutter contre l’oubli. La lutte contre l’oubli a commencé dès la découverte des camps et le retour des déportés chez eux. Les victimes ont mis beaucoup de temps à parler. En réalité, elles ont mis beaucoup de temps à être écoutées. Il était difficile de croire que les atrocités subies aient pu être vraies. Et pourtant, nous savons aujourd’hui que bien des horreurs ont été commises dans les camps. Il est de notre devoir de continuer à porter la mémoire de tous les martyrs qui ont connu l’atrocité concentrationnaire, car hélas la parole des témoins se fait de plus en plus rare. 

Pour survivre, cette mémoire, ne peut pas être honorée seulement le dernier dimanche d’avril. Elle doit nous guider dans nos actions au quotidien à l’échelon local, national, bien au-delà encore. C’est notre devoir en tant que citoyen, de perpétuer la mémoire des victimes et des héros de la déportation.

N’oublions pas que si cette guerre a révélé ce qu’il y a de pire chez les êtres humains, elle a aussi permis de révéler chez certaines personnes des valeurs qu’elles ne soupçonnaient pas. Le courage, le respect, la fraternité, le désir de liberté, d’égalité et de solidarité. Des valeurs indispensables à la République, dont nous devons nous inspirer. Sans ces valeurs, il est facile pour chaque individu de sombrer dans la haine, le racisme et le fanatisme qui mènent aux actes les plus barbares. 

Très souvent citée pour sa justesse, la phrase de Paul Éluard résume tout à fait notre devoir : Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons. Ensemble, nous ne laisserons pas faiblir leurs voix, ensemble, nous ne les laisserons pas périr une deuxième fois.

Seul le prononcé fait foi

76 ans après le retour des derniers déportés libérés, le souvenir de la déportation demeure dans notre mémoire collective et ne doit pas s’effacer.
Ce que furent les camps d’extermination et de concentration nazis et l’horreur vécue par les millions d’êtres humains qui en furent victimes, n’est pas une simple page documentaire de l’histoire du 20e siècle. L’humanité y a été atteinte dans ce qu’elle a de plus sacré.

Des êtres humains étaient catégorisés en surhommes et sous-hommes, leurs vies jugées « dignes ou indignes d’être vécues » sur décision d’un État qui avait érigé en programme politique sa conception raciste et eugéniste du monde et l’a portée à son paroxysme dans l’univers concentrationnaire.
Des hommes, des femmes et des enfants ont été envoyés dans des centres d’extermination ou dans des camps de mort lente, par un système qui niait leur appartenance à l’espèce humaine et s’employait à leur faire perdre conscience de leur propre humanité.

Pourtant, dans les pires circonstances, beaucoup ont su résister à la terreur et à la déshumanisation par la force de l’esprit et la solidarité. Leur engagement et leur combat sont un exemple à suivre.
Il nous faut aujourd’hui encore résister à de nouvelles formes de fanatisme et de barbarie qui entendent promouvoir une vision raciste de l’humanité et détruire la liberté et la démocratie par la terreur.

De nouvelles menaces nous rappellent la communauté de destin qui unit l’humanité au-delà des différences culturelles, ethniques ou religieuses et des antagonismes idéologiques, politiques ou économiques.
Face à ces périls, l’espoir réside dans l’engagement de tous et en particulier des jeunes générations, à l’exemple des déportés, au service de la liberté et vers des formes nouvelles de résistance et de solidarité.

À tous les déportés, victimes des génocides ou de la répression, nous rendons aujourd’hui un hommage solennel, et nous saluons respectueusement leur mémoire.

Ce message a été rédigé conjointement par
La Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP),
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps nazis, L’Union Nationale des Associations de Déportés Internés de la Résistance et Familles (UNADIF-FNDIR)

Étaient présents :

  • pour les associations de Déportés : Marine Aubry-Rigny et Roger Goujon
  • deux jeunes : Julie pour la lecture du message des Déportés et Erwone pour le port du drapeau du Souvenir Français.
  • d’autres associations : Udaac VG (André Ramauge), Comité d’entente de Blois des associations patriotiques (Jean Goujon), Souvenir Français (Jean-Marie Beyer)
  • les autorités : préfet (F. Pesneau), maire de Blois (M. Gricourt), parlementaires (S. Baudu, J.-P. Prince), président du conseil départemental (N. Perruchot), délégué militaire départemental