Monsieur le préfet,
mesdames et messieurs les élu·es,
mesdames et messieurs les présidents et représentants des Ordres nationaux, des associations patriotiques et civiles,
mesdames et messieurs les portes-drapeaux,
mesdames et messieurs,
cher·es ami·es,
À l’instar de l’année dernière, la situation sanitaire ne nous permet pas de nous réunir aujourd’hui pour commémorer la Journée nationale de la Déportation et de la Libération des camps. En dépit du contexte, je souhaite perpétuer la tradition du dépôt de gerbe, et ainsi rendre hommage aux millions d’innocentes victimes de la barbarie.
Les circonstances actuelles ne peuvent être un prétexte pour ne pas honorer nos morts. Honorer nos morts est un devoir, une obligation, pour ne pas oublier. Ne pas oublier que ces femmes, ces hommes, ces enfants sont morts, victimes d’une industrie de la mort. Cette industrie a été réfléchie et échafaudée par de véritables architectes de la mort, guidés par des idéaux racistes et une haine aveugle envers ceux qui ne répondaient pas à un idéal établi. Exterminés pour ce qu’ils étaient, pour leur origine, leurs convictions, leurs religions, leurs orientations politiques ou sexuelles, des millions d’innocents ont été assassinés par le régime nazi.
À l’heure où je vous parle, le racisme et la xénophobie n’ont pas disparu. C’est notre devoir aujourd’hui, en honorant la mémoire de ces victimes, de lutter contre l’oubli. La lutte contre l’oubli a commencé dès la découverte des camps et le retour des déportés chez eux. Les victimes ont mis beaucoup de temps à parler. En réalité, elles ont mis beaucoup de temps à être écoutées. Il était difficile de croire que les atrocités subies aient pu être vraies. Et pourtant, nous savons aujourd’hui que bien des horreurs ont été commises dans les camps. Il est de notre devoir de continuer à porter la mémoire de tous les martyrs qui ont connu l’atrocité concentrationnaire, car hélas la parole des témoins se fait de plus en plus rare.
Pour survivre, cette mémoire, ne peut pas être honorée seulement le dernier dimanche d’avril. Elle doit nous guider dans nos actions au quotidien à l’échelon local, national, bien au-delà encore. C’est notre devoir en tant que citoyen, de perpétuer la mémoire des victimes et des héros de la déportation.
N’oublions pas que si cette guerre a révélé ce qu’il y a de pire chez les êtres humains, elle a aussi permis de révéler chez certaines personnes des valeurs qu’elles ne soupçonnaient pas. Le courage, le respect, la fraternité, le désir de liberté, d’égalité et de solidarité. Des valeurs indispensables à la République, dont nous devons nous inspirer. Sans ces valeurs, il est facile pour chaque individu de sombrer dans la haine, le racisme et le fanatisme qui mènent aux actes les plus barbares.
Très souvent citée pour sa justesse, la phrase de Paul Éluard résume tout à fait notre devoir : Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons. Ensemble, nous ne laisserons pas faiblir leurs voix, ensemble, nous ne les laisserons pas périr une deuxième fois.
Seul le prononcé fait foi