Faire de la sobriété numérique une habitude

Utiliser Internet et ses différents outils numériques a un impact environnemental. L’ingénieur Axel Hugon, président de Seven Aces (société d’assistance et de prestations numériques engagée) était récemment à Blois pour animer un atelier sur la sobriété numérique, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre en utilisant les outils numériques de manière plus responsable.

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Publié le

par Claire Seznec

Qu’est-ce que la sobriété numérique ?

Aujourd’hui, on connaît les effets néfastes dus aux transports, à la récupération de nouvelles matières premières. Dans le domaine du numérique, actuellement, un téléphone neuf est fabriqué avec 54 éléments, neufs eux-aussi. Aux prémices de cette technologie, il n’y en avait que dix. Ces dernières années, on parle de plus en plus d’une transition vers la sobriété numérique. Il s’agit de réduire l’impact environnemental du numérique en limitant ses usages au quotidien.

Quelles sont les pollutions quotidiennes liées au numérique ?

Les sujets sont variés : les impressions, le streaming, les datacenters* qui puisent beaucoup d’énergie pour refroidir, les objets connectés, les liseuses, les moteurs de recherche, certains polluant plus que d’autres, les méls envoyés par centaines de milliards chaque jour et à 60 % non lus… Le numérique fait partie intégrante de notre vie mais chaque action réalisée a un impact sur la consommation des énergies et sur le rejet de CO2 dans l’atmosphère. Pour exemple, dix méls envoyés équivalent à un rejet de CO2 d’un trajet de 1,5 km de voiture.
(* un datacenter est un centre de données physique regroupant des installations informatiques chargées de stocker et de distribuer des données. On compte 4 800 centres de données dans le monde.)

Comment réduire notre impact environnemental ?
On peut changer de moteur de recherche pour un outil éco-responsable (duckduckgo.com, ecosia.org, lilo.org, etc.), moins puissant mais moins énergivore, et/ ou qui compense les rejets de CO2 par un geste pour la planète, comme un arbre planté. Eteindre la box internet* lorsqu’on est absent et la nuit peut aussi être une solution car une box consomme autant qu’une ampoule à basse consommation allumée.
(* boitier d’accès à internet)

Et du côté des entreprises, comment mettre en place de bonnes pratiques ?

Les enjeux sont identiques. Dans les entreprises comme dans les collectivités, certains méls comportent des pièces jointes et sont envoyés à une multitude de destinataires. La solution pourrait être de placer le document joint sur une plateforme de partage. Supprimer les images, lourdes, dans les signatures de méls atténuerait également la pollution numérique. Mais il est important que les salariés soient conscients de leur impact environnemental pour que les efforts soient réalisés partout, pas uniquement de manière obligatoire dans l’entreprise. À ce titre, des formations sont indispensables.

Comment faire pour développer cette sobriété numérique ?

En éveillant la curiosité et en sensibilisant, les gestes sont faits naturellement et simplement. Les notions liées à la sobriété numérique s’apprennent. Elles doivent rentrer dans les habitudes de chacun pour espérer vivre convenablement dans le futur, pour nous comme pour les générations à venir. Cela peut paraître une goutte d’eau mais la planète en a besoin.

Comment réduire concrètement mon impact numérique ?

  • Conserver ses outils numériques plus longtemps ou privilégier le réemploi, le reconditionnement en cas de nouvel achat ;
  • régler ses appareils pour limiter leur activité nocturne (réduction de la fréquence de récupération des méls, par exemple) ;
  • éteindre son boîtier d’accès à internet (box) ;
  • (faire) réparer ses appareils autant que possible ;
  • limiter le nombre des destinataires et la taille des pièces jointes dans les méls ;
  • trier, classer et supprimer vos données régulièrement ;
  • privilégier le stockage de ses données sur des supports physiques chez soi plutôt qu’en ligne ;
  • enregistrer vos sites web en favoris pour y accéder directement, plutôt que de passer par l’intermédiaire d’un moteur de recherche ;
  • pour ses recherches, privilégier un moteur de recherche sobre, tel que DuckDuckGo ;
  • limiter son temps d’écran, etc.

Source : apc-paris.com

Que fait la Ville pour limiter l’impact de Blois.fr ?

La Ville fait héberger Blois.fr dans des locaux conçus pour limiter leur consommation et alimentés par une énergie 100 % renouvelable. Blois.fr intègre également plusieurs dispositifs pour limiter sa consommation : chargement différé des images, qualité des vidéos variable selon les débits et limitation du poids des fichiers téléchargés, par exemple. Il reste de nombreux points à améliorer mais la démarche est lancée, avec comme objectif de respecter la liste de bonnes pratiques d’éco-conception.

Chiffres clés

  • 4 % c’est le taux des émissions de gaz à effet de serre liés au numérique dans le monde ; en France, le secteur du numérique représente 2 % des émissions mais pourrait atteindre 7 % d’ici 2040 (source : The Shift Project)
  • +9 % c’est l’impact carbone du numérique chaque année
  • 15 000 km sont parcourus en moyenne par une donnée (mél, requête web)
  • 600 kg de matières premières sont utilisées pour fabriquer un ordinateur portable
  • 150 à 300 kWh/an c’est la consommation d’une box (autant qu’un réfrigérateur)
  • 8 c’est le nombre d’équipements par personne utilisatrice en moyenne (ordiphone, tablette, etc.)
  • 10 méls envoyés équivalent à un rejet de CO2 d’un trajet de 1,5 km de voiture
  • 60 % des méls envoyés ne sont jamais ouverts

Source : Eksaé